Lettre de Jean-Marie Cambacérès Président du Club D12

Chères amies, chers amis.

Après les félicitations et les analyses à chaud hier sans avoir les résultats des départementales, il est bon aujourd’hui d’affiner notre analyse et de ne pas se tromper sur le diagnostic pour agir à bon escient dans l’avenir.


1) Situation politique.

Globalement les derniers résultats n’ont pas modifié fondamentalement les analyses d’hier. Victoire des sortants de droite et de gauche, baisse du RN et échec total de LREM. Le PS garde ses 5 grandes régions métropolitaines et la Gauche en gagne 1 ou 2 outre-mer. La Droite garde ses 8 régions métropolitaines et gagne 2 ou 3 départements, en maintenant sa forte position 64 départements sur 95. 2 ou 3 basculements de part et d’autre. Le RN et LREM d’obtienne aucun département ni aucune région. L’échec cinglant du parti du Président de la République est à souligner.


2) Abstention très forte.

Le deuxième tour n’a pas vu un sursaut de participation. L’abstention reste a près de 66%, un record sous la 5ème République. Il ne faut pas accuser les électrices et les électeurs, ni encore moins les jeunes, mais faire en sorte qu’ils aient envie d’aller voter à l’avenir. D12 fera des propositions concrètes dans son Manifeste et ce dans 4 directions : des réformes institutionnelles, une nouvelle étape forte dans la décentralisation, des mesures de participation citoyenne entre les élections et quelques essaie de mesures techniques.

Cette abstention forte doit relativiser les déclarations triomphalistes auxquelles certains pourraient être tentés et doit nous inciter à rester prudent sur l’affaiblissement définitif du RN.


3) La stratégie future.

Si la Gauche et la Droite semblent avoir repris du poil de la bête, alors que le RN s’affaiblissait et que LREM était quasiment inexistant. La somme de la Gauche que les média évaluent à 35% est largement en trompe l’œil, de même que la notion de bloc écolo-socialiste que certains mettent en avant et qui ne correspond à rien.

En fait nous sommes devant un paradoxe où les élus socialistes gagnent sur le terrain alors que le PS a disparu au niveau national. La stratégie d’Olivier Faure depuis 4 ans d’union pour l’union et d’effacement derrière d’autres (Glucksmann, Pulvar, les Verts…) a conduit à l’échec, que ce soit au 1er ou au 2ème tour. Les unions arithmétiques d’appareils, derrière les Verts et avec LFI comme dans les Hauts de France n’ont pas été à la hauteur des espoirs.

Ceux qui ont gagné sont des élus de terrain, connus, avec un bilan, un programme et une organisation. Souvent ils se sont passés d’EELV ou de LFI. Cela montre qu’il y a un peuple de Gauche dans les Régions et une France socialiste (pour reprendre la chanson) qui ne demandent qu’à être mobilisés et qui ne se reconnaissent pas dans la direction actuelle du PS. Nous sommes devant un paradoxe, les socialistes gagnent dans le régions et départements, alors que le PS a disparu au niveau national.


Attention, cela ne veut pas dire que les socialistes peuvent gagner seuls, au contraire. Carole Delga et Alain Rousset (par exemple) et bien d’autres avaient bâti un rassemblement dès le 1er tour avec des Radicaux, le PC, des écologistes et des personnalités de la société civile. Cela ne veut pas dire non plus qu’il y a 3 gauches irréconciliables (D12 est contre cette théorie), cela veut dire que notre candidat, notre programme, notre organisation doivent permettre d’être largement devant au 1er tour et d’entrainer les électrices et les électeurs des 2 autres forces au deuxième tour malgré les réticences prévisibles de leurs appareils. Comme l’a dit François Hollande, ce n’est pas l’union qui fait la force, mais la force qui fera l’union.

Le pôle écolo-socialiste est une vue de l’esprit. Il y a simplement les Verts qui veulent prendre la place du PS pour être le moteur des unions, et c’est cela qui mènera tout le monde à l’échec. Oui, l’écologie est importante mais il faut l’intégrer à notre programme et ne pas l’abandonner à un autre parti concurrent. Au XIXème siècle le Socialisme s’est constitué sur la question sociale et l’internationalisme, au XXème siècle il a intégré l’Europe et le féminisme dans ses programmes, il doit maintenant ajouter l’écologie et la participation citoyenne, tout en réactivant la question sociale à laquelle il doit sa force d’origine.

4) Si cette analyse est bonne, il nous faut la faire partager et en tirer les conclusions. Changer la ligne du PS et sa direction, créer une nouvelle organisation forte et centrale en s’appuyant plus sur les élus locaux, les jeunes et la société civile avec sa diversité. Avoir un programme décrivant le socialisme du XXIème siècle et avoir un candidat d’expérience et permettant de rassembler.


En ce qui concerne D12, nous allons terminer notre Manifeste lors de nos Rencontres d’été les 24 et 25 juillet. Nous continuerons le développement de notre réseau en Régions, nous prendrons d’autres initiatives et nous tiendrons prêts pour participer à ce sursaut nécessaire.

Jean-Marie Cambacérès.

Ancien député.

Président du Club D12.

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